Modèle de Denver

Le « Early Start Denver Model » (ESDM) : un programme d’intervention adapté aux très jeunes enfants

Un programme spécifique

Le « Early Start Denver Model » – ESDM- est un programme élaboré spécifiquement pour l’intervention auprès d’enfants atteints d’autisme âgés de 12 à 48 mois (le programme peut toutefois être utilisé jusqu’à l’âge maximal de 60 mois).

Bien qu’empruntant des techniques à des modèles préexistants, l’ESDM est un modèle à part entière et présente des caractéristiques qui lui sont propres. Il a pour particularité de se baser sur le développement typique de l’enfant en regroupant les compétences habituellement observées selon 4 classes d’âge (12-18 mois, 18-24 mois, 24-36 mois et 36-48 mois).

Il s’inspire de divers modèles fréquemment utilisés dans le domaine de l’autisme. En effet, il empreinte à l’A.B.A (Applied Behavior Analysis) des stratégies telles que l’incitation des comportements, le principe des renforçateurs, l’analyse du comportement, l’apprentissage progressif ou encore la nécessité de capter et de maintenir l’attention de l’enfant.  Dans l’ESDM, tout comme dans la méthode PRT (Pivotal Response Training), les intérêts de l’enfant guident les séances, les tentatives de communication et de participation aux activités sont renforcées même lorsqu’elles n’aboutissent pas et les compétences acquises sont continuellement sollicitées dans le but d’assurer leur maintien.

 

Un programme complet

Tous les domaines du développement de l’enfant font l’objet d’une évaluation et d’une intervention : communication (réceptive et expressive), compétences sociales, imitation, jeu, cognition, motricité (fine et globale) et autonomie. Une évaluation régulière des compétences de l’enfant est effectuée, toutes les 12 semaines, à l’aide de la « Curriculum Checklist ». Ainsi, sur la base des compétences émergentes de l’enfant ainsi que des priorités des parents un plan d’intervention à court terme, constitué d’une vingtaine d’objectifs, est élaboré.

L’ESDM prévoit l’accompagnement de l’enfant au sens large. En effet, il a pour volonté de développer un réseau comprenant les différents professionnels en lien avec l’enfant. Chacun est alors invité à faire partie d’une équipe d’intervention et donc à prendre en considération les objectifs réalisés et à les insérer, dans la mesure du possible, dans leurs propres séances. Les parents jouent quant à eux un rôle majeur puisqu’ils sont considérés comme étant les membres centraux de l’équipe.

 

Un programme individualisé et intensif

L’évaluation étant réitérée toutes les 12 semaines, les objectifs sont régulièrement révisés. Ces derniers sont donc adaptés aux besoins spécifiques de l’enfant à une période donnée. L’évaluation régulière permet de s’assurer de l’acquisition des compétences en lien avec les objectifs travaillés ainsi que de mettre en évidence les compétences émergentes chez l’enfant.

L’intervention s’effectue de façon individuelle (1 enfant  pour un intervenant) au minimum 20 heures par semaine.

 

Un programme ludique

Le jeu et l’affect positif sont au cœur de l’intervention. L’intervenant suit la motivation et les intérêts de l’enfant, c’est donc ce dernier qui effectue le choix des activités. Le travail de l’intervenant est alors d’insérer, au sein du jeu de l’enfant, un apprentissage des compétences déterminées par les objectifs. Le jeu est rythmé par une succession de tours de rôles entre l’intervenant et l’enfant, aussi bien dans l’imitation que dans l’élaboration de l’activité. Les interactions sociales sont donc continuellement sollicitées.

Les activités peuvent être aussi bien avec un objet (ex : jeu avec un ballon) que de simples échanges dyadiques (ex : chansons).

L’affect positif est une priorité dans chaque activité. Les tentatives de communication de l’enfant, qu’elles soient verbales ou non verbales, sont soutenues par une réponse positive, des félicitations et un affect hautement positif.

 

Un programme qui a fait ses preuves

Le « Early Start Denver Model » est un modèle d’intervention précoce en autisme qui est apparu très récemment. Pourtant, quelques données scientifiques concernant son efficacité sont déjà disponibles.

Les études de Dawson et al. (2010 et 2012) ont mis en avant une amélioration du QI, du langage et du comportement adaptatif chez des enfants ayant bénéficié du programme ESDM. Suite à une telle intervention, le fonctionnement cérébral semble également subir des modifications : la réponse cérébrale à des stimuli sociaux s’approche grandement de la réponse cérébrale observée chez des enfants neurotypiques.

Rogers et al. (2012) ont proposé une formation ESDM à des parents d’enfants présentant un risque de trouble du spectre autistique. L’étude a révélé une amélioration des habiletés sociales des enfants, un gain développemental ainsi qu’une réduction des symptômes en lien avec l’autisme.

 

Rogers, S. J., & Dawson, G. (2010). Early start Denver model for young children with autism: Promoting language, learning, and engagement. Guilford Press.

Dawson, G., Rogers, S., Munson, J., Smith, M., Winter, J., Greenson, et al. (2010). Randomized, controlled trial of an intervention for toddlers with autism: the Early Start Denver Model. Pediatrics125(1), e17-e23.

Dawson, G., Jones, E. J., Merkle, K., Venema, K., Lowy, R., Faja, et al. (2012). Early behavioral intervention is associated with normalized brain activity in young children with autism. Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry51(11), 1150-1159

Rogers, S. J., Estes, A., Lord, C., Vismara, L., Winter, J., Fitzpatrick, A., et al. (2012). Effects of a brief Early Start Denver Model (ESDM)–based parent intervention on toddlers at risk for autism spectrum disorders: a randomized controlled trial. Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry.

Les commentaires sont fermés.